Et même - tiens, au diable l’avarice - dans «Je Ne Suis Pas Comme Vous» il y en a plusieurs.

Il y a tout d’abord un thème principal...

La dématérialisation

D’accord, cela peut paraître austère et un peu abscons. Pourtant, c’est très vivant et très concret.

Le développement fulgurant des nouvelles technologies de communication a bouleversé notre vie quotidienne de façon si évidente que l’on n’y prête plus attention.

La dématérialisation des échanges ne concerne pas seulement les données et les produits, mais aussi les rapports humains. Vous envoyez un mail à un ami ou un collègue ? Vous utilisez un logiciel professionnel en ligne ? Vous participez à un chat ou un forum sur internet ? Vous achetez un livre sur un site de e-commerce ? Vous lisez cette page ?

Eh bien vous faites de la dématérialisation comme monsieur Jourdain faisait de la prose : sans le savoir !

Comme dirait le philosophe normand : «y a du pour et y a du contre».

Côté avantages : rapidité, convivialité. On évite les déplacements.

Côté inconvénients : on se parle moins, on ne se voit plus. Et surtout : on est anonyme. On s’identifie par un code. Il suffit à quelqu’un de découvrir le vôtre pour se faire passer pour vous.

Piratage, phishing («hameçonnage») : vous en avez entendu parler ?

Bienvenue dans le monde virtuel (paraphrase d’une célèbre réplique cinématographique).

Et le fameux «big bang» me direz-vous ?

Celle-là, je m’y attendais. Je m’y suis même préparé. Et pourtant, ce n’est pas simple à expliquer. Je vais essayer quand même.

C’est paradoxal mais c’est ainsi : c’est une rematérialisation qui a été le déclic à cet ouvrage sur la dématérialisation... Un an après les attentats du 11/9, la Ville de New York a voulu les commémorer en symbolisant les deux tours du World Trade Center par deux faisceaux lasers géants de couleur bleue.

Il fallait essayer de combler le vide, reconstituer ce qui s’était désintégré. Rematérialiser ce qui s’était dématérialisé.

Et, pour moi, la couleur bleue des lasers répondait au bleu azur du ciel le jour des attentats.

C’était parti...

Je sais : cela peut paraître étrange. Pourtant, c’était bien mon «big bang».

...mais il y a aussi des thèmes accessoires...

En particulier, «zoomons» sur deux qui me tiennent à coeur :

«L’Open space»

En bon français on devrait dire « espace ouvert ». Mais puisque l’on copie les méthodes anglo-saxonnes, on ne se donne même plus la peine de traduire les noms qui les désignent.

Au moins, on sait d’où cela vient.

Se dit d’une organisation de l’espace de travail où tout cloisonnement est aboli.

C’est réputé être plus convivial et favoriser un travail transversal.

Accessoirement, cela permet aussi un contrôle plus aisé de l’ardeur mise à la tâche par les personnels concernés... mais je vois peut-être le mal partout.

Si vous travaillez dans ces conditions, vous devez avoir votre petite idée...

Le «Forced ranking»

Là encore, comprenez : « classement forcé ». Pour les considérations sur l’absence de traduction, merci de vous reporter au 1er paragraphe du point précédent.

Le «Forced ranking», donc.

Ça, c’est le pompon ! Une des dernières trouvailles des grosses têtes de la « gestion » des ressources humaines.

Pour faire simple : on part du postulat que dans une population donnée, il y a statistiquement toujours la même proportion de bons, de moins bons, et de mauvais.

Appliqué aux rituelles notations de fin d’année, cela revient à obliger la personne qui note à respecter un quota de notes par catégories (par exemple 2 «A», 6 «B», et 2 «C» pour une population de 10 personnes) et à y faire entrer, de force, les personnels notés. Tant pis si, dans notre exemple, celui qui note pense que tout le monde est bon : il devra se débrouiller pour que 2 d’entre eux soient reconnus meilleurs que les autres, et 2 plus mauvais.

Bref, c’est la loi des grands nombres appliquée à l’évaluation de la valeur professionnelle d’êtres humains...

Certaines entreprises, sans l’avouer, ont perfectionné le système : deux années de suite avec la plus mauvaise note, et c’est la porte...

Si vous voulez en savoir plus sur cette ineptie, tapez «forced ranking» sur votre moteur de recherche préféré : vous serez édifié!